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Créateur de lunettes Made in France originales : la vocation internationale de Bruno Chaussignand

Un hobby devenu un métier, un savoir-faire qui s’exporte, une industrie en mutation : c’est ainsi qu’on pourrait résumer l’expérience de l’entrepreneur Bruno Chaussignand dans la lunetterie. La French Touch est allée à la rencontre d’un créateur passionné. « Il y a peu d’objets qui soient aussi précieux et utiles que des lunettes ». Quand on sait que 80 % des informations qui nous parviennent du monde extérieur passent par nos yeux, on n’aimerait pas confier ses lunettes à n’importe qui. Et…

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FT Bannière Bruno C

Un hobby devenu un métier, un savoir-faire qui s’exporte, une industrie en mutation : c’est ainsi qu’on pourrait résumer l’expérience de l’entrepreneur Bruno Chaussignand dans la lunetterie. La French Touch est allée à la rencontre d’un créateur passionné.

« Il y a peu d’objets qui soient aussi précieux et utiles que des lunettes ». Quand on sait que 80 % des informations qui nous parviennent du monde extérieur passent par nos yeux, on n’aimerait pas confier ses lunettes à n’importe qui. Et pourquoi pas à Bruno Chaussignand ? L’entrepreneur s’est confié à la French Touch sur ce qui n’était, au départ, qu’un hobby. « Déjà petit je bricolais de vieilles lunettes que je trouvais dans les tiroirs, mais sans penser en faire un métier ». Et puis un jour, après un match de tennis, le jeune homme discute avec son adversaire dont l’oncle s’avère être un opticien indépendant, qui commence à intégrer dans son activité des lunettes de création… c’est le déclic. Examen de vue, création en atelier, contact client : Bruno Chaussignand découvre la profession.

Modèle Equinox

Après son baccalauréat scientifique, il intègre l’Ecole d’optique de Morez, dans le Haut-Jura, région considérée comme le berceau européen de la fabrication de lunettes (notamment s’agissant de la partie métal, la ville d’Oyonnax, dans l’Ain, regroupant plutôt les activités de plasturgie). L’apprenti surprend le jury lors d’un concours de fabrication destiné aux jeunes créateurs, avec une paire de lunettes en bois d’olivier de Nyons, ville dont il est originaire, réputée pour son oliveraie. Il saura par la suite se faire une place sur ce marché déjà en pleine mutation dans les années 90 (on commence à envisager, en France, les délocalisations en Chine et le savoir-faire lunetier n’y échappe pas), au niveau national, puis à l’international.

 

Vendre sa marque de lunettes à l’international, une évidence pour Bruno Chaussignand

A l’heure actuelle, Bruno Chaussignand s’organise autour de deux structures. L’une, basée à Montpellier, est une boutique d’optique qui s’adresse au grand public. L’entrepreneur n’y propose que des lunettes de création, et revendique une approche « assez exclusive » de ses modèles. L’autre, dédiée aux opticiens professionnels, est basée en Occitanie et en Provence, et organise la distribution de la marque de lunettes par 300 revendeurs en France et dans le monde, notamment aux Etats-Unis et au Canada, où l’entreprise réalise principalement son chiffre d’affaires.

Comment expliquer cette appétence des marchés nord-américains ? Pour Bruno Chaussignand, deux choses ont permis ce succès, la première étant une petite part de hasard : « De passage à Paris, le coprésentateur de la célèbre émission Late Show with David Letterman (qui est devenu plus tard The Tonight Show Starring Jimmy Fallon), a acheté une de mes paires chez un revendeur. Je ne l’ai jamais su, jusqu’au jour où je me suis rendu aux Etats-Unis avec un commercial, pour commencer à tâter le marché. C’est là que j’ai réalisé que, grâce à ce monsieur qui les portait tous les soirs à une heure de forte audience, mes lunettes étaient déjà en vogue et que leur commercialisation sur ce marché avait un fort potentiel ».

L’autre facteur de succès à l’international repose, selon Bruno Chaussignand, sur sa présence régulière sur de nombreux salons professionnels spécialisés depuis sa création, où les acheteurs sont toujours en recherche de nouveautés. Il donne au passage son point de vue avisé aux jeunes créateurs et chefs d’entreprise : « Ne pensez pas que les emplacements dans les salons soient aussi primordiaux que ça quand on débute. Les premières fois, on se retrouve vite entre la sandwicherie et les toilettes, on pense que personne ne va nous voir… mais les acheteurs le savent très bien et passent quand même faire un tour ailleurs que sur les gros stands et les allées centrales. Car c’est souvent là que se trouvent les nouveautés, les jeunes créateurs, les innovations ».

 

La matière et le savoir-faire, la paire gagnante

Comment crée-t-on une paire de lunettes ? Quels sont les savoir-faire inconnus de la lunette ? Comment la technologie en change l’approche ? Pour Bruno Chaussignand, les prototypes partent toujours d’un crayon et d’un papier millimétré. S’il est amené à utiliser un logiciel sur ordinateur, ce n’est la plupart du temps que pour des retouches mineures. « Quand on est opticien expérimenté, qu’on a l’habitude des visages, l’œil est affûté, comme un bijoutier sur son propre travail. On est alors capable à l’œil nu de dire si l’outillage doit être modifié de deux dixièmes de millimètre. Ça a son importance, et c’est comme ça qu’on propose aux personnes des modèles qui leur font se redécouvrir sous un autre angle ». Il est conscient que pour certaines personnes, l’idée de porter des lunettes peut être déstabilisante, et souhaite la dédramatiser.

Côté matière le créateur constate et de nouvelles envies de la part de sa clientèle, comme de donner une nouvelle vie à sa paire de lunettes après des années d’utilisation, et l’apparition sur le marché de produits de plus en plus propres. Il utilise pour sa part de l’acétate de cellulose, à l’empreinte écologique moindre, un mélange entre de la fleur de coton et de l’acétone. Cela donne une matière transparente, souple, stable à la chaleur et à la lumière, idéale pour une fabrication « fait main » (c’est-à-dire que la lunette est traitée à la main mais découpée par des machines, contrairement au terme « fait à la main » qui désigne des pièces uniques). Une paire de lunettes Bruno Chaussignand, c’est 250 à 300 étapes de fabrication ! Là où à l’heure actuelle, les prototypistes de nombreuses marques de lunettes, notamment de marques de sport, créent des modèles à partir de moules où la matière est injectée, réduisant les coûts et les étapes de fabrication mais aussi indéniablement la qualité du produit fini.

Processus de fabrication

L’industrie change, les matières aussi, mais l’envie de concevoir des modèles de lunettes originaux elle, persiste. « Certes il faut se réinventer, et garder à l’esprit que lorsqu’on créé, on s’expose. Ensuite il faut trouver les personnes qui comprennent ce qu’on veut dire, créer un lien affectif, créer de l’émotion, sans jamais se trahir. C’est tout l’intérêt de la création », conclut le lunetier.

Bruno Chaussignand @Aurelia Blanc

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