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Quand l’opéra agit de concert pour la planète

Quand cinq maisons parmi les plus prestigieuses de la scène lyrique européenne réunissent leurs forces pour s’engager à réduire leur empreinte carbone, la French Touch s’y intéresse forcément. Pour We Are French Touch, le collectif baptisé « 17h25 » a présenté, devant une salle comble, les ambitions de ce dispositif inédit.

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FT Article Opéra

La scène lyrique fait sa transition écologique. Depuis quelques années certaines maisons lui offrent même une place plus large qu’un strapontin ! Le collectif 17h25 est né de cet élan. Depuis 2022 il réunit le Théâtre du Châtelet, l'Opéra de Paris, le Festival d'Aix-en-Provence, l'Opéra de Lyon et la Monnaie à Bruxelles. Violaine Charpy, Louise Leleux et Lucia Goj, respectivement de l’Opéra National de Paris et du Théâtre du Châtelet, étaient présentes à l’édition 2024 de l'événement We are French Touch pour éclairer le public sur l’origine, le mode de fonctionnement, les difficultés et les ambitions de ce programme inédit.

« Toutes nos scènes sont différentes, explique Violaine Charpy, directrice déléguée à la stratégie aux investissements et au développement durable à l'Opéra National de Paris. Par exemple la scène de l’Opéra Bastille qui fait plus de 20 mètres de large est grande et haute. Il n’est pas possible de coproduire des spectacles avec tous les théâtres. L’enjeu est de pouvoir créer des décors à taille variable. Vient ensuite la question de leur transport. Un spectacle peut avoir jusqu’à quatre coproducteurs, ce qui veut dire beaucoup de camions sur les routes ». Il y a une quarantaine d’années, les productions d’opéras étaient souvent faites de toiles. Directrice technique au Théâtre du Châtelet, Lucia Goj détaille : « Chaque théâtre fabriquait ses propres châssis. À la fin d’une production, les toiles étaient désossées et transportées vers un autre théâtre. En effet, pourquoi transporter la totalité des décors alors qu’on pourrait transporter uniquement la partie décorative ? C’est l’une des premières interrogations que le collectif « 17h25 » s’est posé avec bon sens ». L’idée est alors née de concevoir des éléments standards de décors que chaque maison pourrait détenir. Fin 2022, l’Opéra de Lyon a porté le projet auprès d’Alternative Verte. Une subvention a été obtenue de la Caisse des Dépôts pour un projet de trois ans en Recherche&Développement. « Ce n’est pas commun dans le monde de l’opéra, comme dans d‘autres secteurs concurrentiels, de travailler main dans la main sur un projet de ce type-là, relève Violaine Charpy. On a commencé à prendre conscience que chacun avait un vocabulaire différent pour parler des mêmes choses. »

 

La première étape fut alors de mettre en place une méthode de travail reposant sur l’organisation de différents comités (direction, technique, artistique, administratif, communication…) En parallèle de ces réunions, des « labos » sont aussi organisés avec tous les corps de métiers : une trentaine de personnes à chaque fois, avec des règles de conduite imposées (« On n’interrompt pas, on ne dit pas « mais », on ne dit pas « si », on ne juge pas, toutes idées méritent d’être énoncées, même les plus folles ») et un dictionnaire de vocabulaire commun. « La principale nouveauté réside dans cette méthode de travail. Des produits modulaires, il existe déjà beaucoup dans le monde du théâtre. Là il s’agit de trouver une solution qui convient aux cinq maisons, dans l’idée de pouvoir la diffuser », expliquent-elles de concert.

Mais comment embarquer les équipes sur ces questions d’écoresponsabilité ? « Le plus difficile pour les équipes a été de trouver le temps ! Mais on voit finalement que des salariés s’invitent eux-mêmes aux réunions, ce qui montre que l’ambiance dans le collectif est bonne », témoigne Lucia. « Et il y a eu des échanges entre les équipes techniques sans que l’on sache. On voit donc que le projet ouvre des frontières, permet l’échange, apporte énormément, ce qui contrebalance la charge de travail qu’un tel projet peut représenter par moment », poursuit Violaine. Tous ces échanges ont finalement permis de convenir d’une mesure standard commune (fixée à 200 millimètres).

À partir de là, un mécano géant a été construit à base de tubes en acier. Dans les tubes, des trous permettent de connecter les différents éléments. Une fois que ce prototype sera validé, l’objectif est que chaque théâtre possède sa structure standard, et même au-delà du collectif. « Ce projet est en open source, les documents techniques sont libres de droits, le but est que les standards puissent être réutilisés par le plus grand nombre », poursuit-elle. L'enjeu est que chaque maison d‘opéra puisse s’en servir. « Nous avons contacté cet été plusieurs maisons d’opéra en Europe et dans le monde. Peu de projets de cette ampleur-là existent. Il y a un grand intérêt, notamment de l’Opéra Nancy, du Royal Opéra House de Londres, du Théâtre de l’Odéon. Ils ont décidé d'essayer nos standards sur leurs productions. C’est enthousiasmant ! »

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