Shirley Billot, l’activisme sous le régime de la banane
À travers la marque de beauté Kadalys, qui puise ses actifs dans les vertus de la banane, Shirley Billot a trouvé dans la cosmétique bio le terrain de jeu idéal pour inscrire les Antilles françaises dans les enjeux actuels.
Si la banane a fait son entrée dans nos salles de bains, on le doit beaucoup à Shirley Billot et à son ADN militant. Celle qui a grandi en Martinique a l’engagement dans le sang. . Sur l’île, où la jeune fille va s’épanouir jusqu’à l’âge du baccalauréat, la vie après l’école tourne surtout autour du jardin, cultivé dans le respect des saisons et du climat par ses parents. À ces années heureuses aux Antilles, au contact d’une nature exubérante, mais aussi en prise avec la réalité d’un territoire traversé par les tensions sociales et raciales, succèdent des années parisiennes d’étudiante un peu grises. « Mais je suis curieuse, et j’ai adoré la liberté et la richesse culturelle que m’offrait Paris », dit-elle. Très vite, après un cycle d’économie à la Sorbonne, cette hyperactive se spécialise dans le conseil pour l’industrie où elle trouve à exprimer son tempérament fonceur. Elle multiplie missions, voyages, équipes, contacts et succès.
Quelques années passent et son retour en Martinique – dans le but de donner à son jeune fils la même chance de qualité de vie - la remet en confrontation avec les inégalités dont les Antilles françaises souffrent. En 2013, alors que Shirley Billot fait face à une mauvaise passe professionnelle, elle décide de transformer l’épreuve en opportunité et créé sa boîte, une startup qui vise à valoriser les déchets de la filière agricole et en particulier la banane.
Une french touch tropicale
Les acteurs de la filière de la banane lui apporte son soutien pour lancer une étude sur l’utilisation d’extraits du fameux fruit à qui l’on prête notamment des vertus de régénération cellulaire. Shirley a déjà son objectif en tête : faire bouger les lignes afin de donner une seconde vie aux déchets de la filière agricole. Kadalys devient alors une des marques pionnières de la cosmétique « upcyclée », bio et « vegan », grâce à des extraits de bananes vertes, jaunes et roses exclusivement cultivées en Martinique et Guadeloupe. Avec le recyclage des déchets, un capital composé de producteurs, la formation des femmes aux métiers de la science, et la valorisation de l’inclusivité, l’entreprise inocule des valeurs en avance sur un marché hexagonal à l’époque peu réceptif.
Kadalys se tourne alors vers l’Asie et les États-Unis en jouant la carte de la « tropical french touch » et de la légitimité française dans le secteur de la beauté. Un positionnement qui lui réussit : Kadalys vient de décrocher son référencement dans six cents points de vente de l’enseigne américaine JCPenney. Une porte ouverte vers un marché, mais surtout, pour cette insatiable battante, l’opportunité de transmettre des valeurs tournées vers l’humain, de poursuivre son travail de recherche scientifique au service de l’économie circulaire et participer à la relance des Antilles françaises.
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