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Bandit Manchot mise sur le cuir upcyclé pour produire une maroquinerie made in France

Depuis 2010, l’entreprise fabrique des objets uniques à partir de cuirs de luxe non-utilisés des grandes maisons de maroquinerie. Entre circuit court et nouveau rapport à la consommation, Bandit Manchot fait bouger les lignes.

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4 min

Les 3 fondatrice de Bandit Manchot

« Il y a 10 ans, nous étions carrément en avance et personne ne parlait de nous », s’amuse Marie-Laure Biscond, l’une des cofondatrices de Bandit Manchot. Douze ans après sa création, la marque est toujours un ovni. Depuis 2010, la TPE qui a un pied à Paris et l’autre à Graulhet dans le Tarn, a sauvé de la benne des centaines de mètres de cuir d’exception pour les transformer en objets uniques. A la tête de l’entreprise, trois femmes déterminées à cultiver l’upcycling dans le milieu de la maroquinerie : Anne Duquesnoy, Marie-Christine Frison et Marie-Laure Biscond.

Du cuir d’exception à prix cassé

Mais ne leur parlez pas de « chutes », car il s’agit bien de « cuirs d’exception ressourcés », des peaux échantillonnées non-utilisées, rachetées à prix cassé à une poignée de maisons de maroquinerie de leur réseau. Bandit Manchot s’attèle à les transformer en sacs ou gibecières, chaussons en cuir stretch depuis peu, trousses ou encore porte-monnaie... Mais aussi en cartes postales. C’est d’ailleurs avec ce produit que tout a débuté en 2010.

« Anne Duquesnoy et moi-même étions stylistes freelances et, face aux surplus de cuirs magnifiques jetés à la benne en fin de collection, nous avons commencé à les mettre de côté », raconte Marie-Christine Frison. Sauf que ces peaux finissent par s’entasser dans les caves, ce qui pousse les deux stylistes à les exploiter. Elles contactent alors Marie-Laure Biscond, croisée au fil de leur parcours et dont la maroquinerie familiale, à Graulhet, connait une période de crise. « Nous avons eu l’idée de faire des cartes postales avec des messages imprimés dessus », se souvient Marie-Christine Frison. Tarn-Paris, la connexion est établie et les cartes postales se vendent comme des petits pains. « Vu le potentiel, je les ai incitées à se lancer dans la petite maroquinerie », se souvient Marie-Laure Biscond.

Jusqu’à 10 000 m2 de cuir valorisé par an

Bandit Manchot grandit pas à pas avec pour fil conducteur le triptyque “circularité, haute qualité et prix abordables”. « Nous avons donc simplifié la fabrication en nous débarrassant des étapes les plus chronophages, comme les doublures ou les fonds de poche, ou en utilisant un modèle de zip unique, rouge, devenu une signature. En maroquinerie, le temps de travail impacte fortement le prix final ».

L’autre particularité des produits de Bandit Manchot : chaque pièce est unique. Une part de hasard qui fait aujourd’hui son charme. « Au début, nous assumions mal cette non-uniformité des produits, jusqu’à comprendre que c’était tout l’intérêt et la force de notre marque, confie Marie-Christine Frison. Il a bien sûr fallu faire de la pédagogie auprès des acheteurs ». Depuis 2021, Bandit Manchot commercialise également des sacs anciens, achetés aux puces, puis remaniés au goût du jour.

Pour la TPE, qui emploie 5 salariés et 6 piqueuses freelance, la question de la matière première reste stratégique. « Notre grande force auprès des maisons qui nous fournissent est que nous nous moquons de la quantité et des couleurs », expliquent les cofondatrices. Bandit Manchot valorise près de 10 000 m2 de cuir par an, pour 50 000 pièces vendues en 2021, fabriquées à la commande et distribuées en concept-stores, magasins de décoration, librairies, papeteries haut de gamme ou musées. Déjà distribuée aux Etats-Unis, la marque espère mettre bientôt un pied au Japon.

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