Pitcher sa solution digitale outre-Rhin : Arenametrix nous raconte son expérience avec Creative Lab Europe
La première édition du Creative Lab Europe marquait en septembre ses deux arrêts en Allemagne et en Autriche, où les participants ont partagé leurs projets auprès de prospects locaux. Retour sur cette mission avec Solène Jimenez, responsable du développement commercial à l’international chez Arenametrix.
Quoi de mieux pour comprendre les tendances d’un marché que de s’y rendre directement ? C’est l’opportunité que les entreprises de la mission Creative Lab Europe ont eu en septembre dernier avec une immersion en Allemagne et en Autriche, entre Düsseldorf et Vienne. Organisée par Business France avec le soutien de Bpifrance, le programme accompagne les industries culturelles et créatives innovantes de la French Touch pour accélérer leur internationalisation. Parmi les participants, Arenametrix souhaite élargir à d’autres pays ses ambitions, inchangées depuis son lancement en 2015 : rassembler sur une même plateforme les données des clients de structures culturelles afin de mieux connaître leur public pour mieux répondre à leurs attentes.
L’entreprise, déjà présente au Benelux et au Royaume-Uni, envisageait déjà de se tourner un peu plus vers l’Est de l’Europe. « Creative Lab Europe est arrivé au bon moment pour nous. La mission nous a permis de voir ce que l’on pouvait réutiliser et ce que l’on devait changer de notre stratégie au Benelux pour aller en Allemagne et en Autriche », explique Solène Jimenez, responsable du développement commercial à l’international. Pour identifier ces opportunités, la représentante d’Arenametrix a pu tester l’intérêt des prospects locaux lors de pitchs. « Ce sont des choses que l’on aurait pu faire nous-mêmes, mais cela nous aurait pris beaucoup plus de temps ».
La French Touch, une avant-gardiste sur la tech
Alors que les industries culturelles et créatives jouent un rôle stratégique outre-Rhin – 1 entreprise sur 10 en est issue en Autriche en 2020, tandis qu’elles emploient 1,2 million de personnes en Allemagne en 2018 – leur digitalisation reste un enjeu clé. « J’ai eu le sentiment que la France était en avance sur ce sujet », admet Solène Jimenez. Une particularité qu’elle précise « propre à la centralisation et à l’analyse de données ». Derrière ce potentiel retard, Solène Jimenez évoque la culture des pays et une vision différente du traitement de la data, un détail qu’elle a pu comprendre une fois sur place. « La question de la protection des données est très sensible. Le RGPD est le même puisque c’est une réglementation européenne, mais il n’est pas perçu de la même façon. […] Il existe une réelle réticence à mettre en place des projets sur l’analyse de la data ». Cela n’a pas freiné Arenametrix pour autant, qui a pu profiter de ses rendez-vous qualifiés pour rassurer ses potentiels partenaires et qui voit là l’opportunité de se développer sur une branche encore peu exploitée.
Les entreprises françaises peuvent compter sur le tournant digital que les établissements culturels prennent petit à petit. Comme dans de nombreux autres pays, le Covid-19 a en effet « accéléré la compréhension des enjeux de digitalisation » en Allemagne et en Autriche. Berlin et Vienne affirment également leur soutien aux acteurs des industries culturelles et créatives à la suite de la crise sanitaire. En mars 2021, à travers son plan de relance Neustart Kultur, le gouvernement allemand a d’ailleurs déployé 50 millions d’euros pour encourager le secteur.
Rassembler les entreprises de La French Touch avec Creative Lab Europe
Si Creative Lab Europe réunit prospects locaux et entreprises françaises, la mission permet aussi aux start-ups françaises du secteur culturel de se rencontrer. Bien que leurs cibles soient les mêmes, les solutions différentes qu’elles proposent effacent toute concurrence. « Nous continuons de nous envoyer des actus et des contacts intéressants » raconte Solène Jimenez en souriant. « Ce sont toutes sortes de relations qui se sont mises en place de façon informelle, qui permettent des synergies dans les domaines du digital et de la culture ».
La responsable souligne tout de même l’importance de connaître un minimum le marché visé avant de se lancer dans la mission : « C’est mieux de participer à ce type de rendez-vous quand c’est sur un marché sur lequel on a déjà passé du temps, et sur lequel on peut ensuite faire résonner les rendez-vous que l’on a eus ». L’entreprise prend donc son temps pour s’étendre à l’international : alors que le Canada fait partie de ses futurs objectifs, elle a choisi de ne pas participer à Creative Lab North America ce novembre pour se concentrer sur ses nouvelles opportunités outre-Rhin. Le Creative Lab Europe donne d’ores et déjà rendez-vous en 2022 pour une nouvelle édition en Autriche et en Suisse.