Les coups de cœur d’Inès Longevial, de Chinatown à Nan Goldin
La jeune artiste peintre agenaise Inès Longevial vient de clôturer l’exposition "Magic Hour", regroupant une soixantaine de ses œuvres, à l'église des Jacobins d'Agen. On en a profité pour l’interroger sur ses coups de cœur culturels du moment.
Cet été, Inès Longevial a exposé ses œuvres pour la première fois dans un musée, lors d’un « solo show » à Agen où elle est née, avant de s’envoler vers New York pour une exposition à la galerie Van de Weghe à partir de novembre. Des peintures figuratives intensément colorées qui font d’elle l’une des peintres françaises les plus vues, notamment grâce à son compte Instagram aux 347 000 abonnées. A la veille de la grand-messe annuelle de l’art contemporain à Paris, nous l’avons questionnée sur ses inspirations du moment.
Un quartier où se perdre
« Chinatown à New York, un peu cliché peut-être et pourtant assez indémodable, tant de vie, de couleurs et de produits intrigants. La vue sur les buildings caractéristiques de New York y est à couper le souffle. Je retiens des gammes colorées surprenantes, des rouges mêlés à des roses, puis des verts, et un camaïeu de marrons et de beiges en pointillé sur la balade. »
Un livre à dévorer
« Une vie possible de Line Papin. Nous nous sommes rencontrées au travers de nos voix cet été sur France Culture dans l’émission « La grande Table », présentée par Sébastien Thème. J’ai été frappée par la justesse de ses mots ainsi que sa force bouillante et communicative. J’ai lu son dernier livre cet été et j’ai été bouleversée par cet essai qui est d’une puissance à traverser le temps. »
Un film à découvrir
« The pleasure of being robbed de Joshua Safdie. J’ai vu ce film à sa sortie en 2008. Ce film m’a laissée une empreinte indélébile. J’en garde les couleurs, mais aussi et surtout l’ambiance de New York fantomatique et mystérieuse qui m’a donné l’envie de découvrir le monde. »
Un personnage de série inspirant
« Très récemment j’ai été marquée par Carmen Berzatto , interprété par Jeremy Allen White, dans The Bear. J’ai adoré son rôle de jeune chef de la gastronomie de retour dans sa ville natale Chicago, et qui reprend le restaurant de son frère à la suite de son suicide. Dans cette situation tragique, loin de son univers, Carmy est le feu et la glace. Très inspirant et touchant de voir ce personnage continuer malgré le poids qui l’écrase en permanence. »
Un parfum fétiche
« Celui du réveil d’une grande ville, une odeur de mousse à raser mélangée à celle du café flotte dans l’air, souvent accompagnée d’une douce brise qui fait naviguer cette odeur si réconfortante d’un nez à l’autre. »
Une recette emblématique
« J’en ai tellement ! C’est très difficile de faire le choix qui me correspondrait le plus. Ce sont des choses qui bougent au fil des années, qui marquent les temps et les pages tournées.
Sans trop réfléchir, je pense à la recette des poivrons à l’huile et à l’ail de ma mère. Très facile et inratable mais absolument délicieuse. Des poivrons rouges simplement vidés de leurs graines au four à 220 degrés jusqu’à l’obtention d’une odeur doucement caramélisée, pelés une fois refroidis, coupés en fines lamelles, puis arrosés d’huile d’olive et d’ail. A garder au frigo pendant une heure avant de déguster. »
Une photo à partager
« Sans hésiter celle de Nan Goldin, Misty and Jimmy Paulette in a taxi NYC 1991. Nan Goldin a une vie tragique, elle me bouleverse dans ses photographies. Ses sujets sont à elle et elle n’a peur de rien. Elle saupoudre son travail d’une intensité et d’une vérité violente. Ses couleurs sont spectaculaires. »
Une musique à écouter en boucle
« Je vis avec un musicien, je suis donc évidemment tentée de vous répondre la sienne. Chantée en français, plus énergique que mélancolique, douce et intelligente : Lucas Bel ! Et puis aussi, voici ma playlist de l’année, celle avec laquelle on peut deviner et décoder mon travail. »
https://open.spotify.com/playlist/7degrZ61dkPMiRdpvZ4evI?si=TX3vXq1sT9iklMpTkn95tA