MaisonCléo mise sur la durabilité pour toucher les fashionistas du monde entier
Qui sont ces entrepreneurs et nouvelles marques qui incarnent la relève de demain ? Dans le secteur de la mode, la styliste de MaisonCléo, Marie Dewet, fait partie de ces jeunes créateurs qui bouleversent les règles du jeu. La French Touch tire son portrait.
Lointaine est l’époque où le Diable s’habillait encore en Prada. En 2022, le personnage campé par Meryl Streep agirait probablement comme Léandra Médine (créatrice du site Man Repeller suivie par un million de personnes). En quelques clics sur Instagram, elle se ruerait sur les looks de Marie Dewet, 30 ans, fondatrice de MaisonCléo, la petite marque française qui monte et que les passionnés de « fashion » ne lâchent plus des yeux, de Paris à New York.
La jeune styliste originaire de Calais a connu un succès fulgurant, arrivé pendant le premier confinement. Mais celle qui a aujourd’hui préféré le vieux Lille à Paris pour installer son studio de création est restée fidèle à son intuition de départ. Imaginer une mode pointue cousue main, à partir de chutes de tissus et fins de rouleaux des maisons de luxe et de détails de provenance locale (« boutons dans la Somme, dentelle vintage Noyon à Calais … »), commercialisée en petite quantité sur le mode astucieux et écolo de la précommande sur-mesure. Aux clientes de s’armer de patience : la boutique en ligne de MaisonCléo ouvre uniquement le mercredi à 18h30 - 12h30 à New York - afin de tenir le rythme. Aux boutiques et autres multimarques d’accepter les quantités limitées … même si la laine à carreaux pour concevoir telle nouvelle veste n’est disponible que pour trois pièces. « C’est ça qui fait le charme de MaisonCléo », estime celle qui dit puiser son inspiration créative dans la beauté universelle, et finalement assez classique, des courbes féminines.
« Je ne trouvais pas ce qui me convenait parmi les jeunes labels »
MaisonCléo s’inscrit dans la quête d’authenticité qui marque ce début des années 2020. « Mes clientes me disent souvent qu’elles ont l’impression que c’est leur grand-mère qui leur a cousu le vêtement. » L’histoire de MaisonCléo commence d’ailleurs ainsi en 2016 : « Parce que je ne trouvais pas ce qui me convenait parmi les jeunes labels, trop de matières de mauvaise qualité faites à la machine dans des pièces sans fenêtres. J’ai acheté de la soie et demandé à ma mère couturière (surnommée Cléo NDLR) de me reproduire des vêtements d’après mes dessins ». Quelques looks postés sur Instagram suscitent l’intérêt. En poste à l’époque chez Vestiaire Collective, Marie improvise alors un site internet commercial, sans imaginer ce qui l’attend. Il faut aujourd’hui jouer des coudes pour espérer acquérir la blouse « Agnès » aux manches bouffantes devenue sa pièce iconique.
À son palmarès : la griffe, qui a organisé en mars dernier à Paris son premier défilé (à base de robes tubes ultra moulantes roses fuchsia et de mini-jupes turquoise en soie sauvage), fait partie du club select des jeunes marques vendues par le prestigieux Net à Porter, « et la seule marque made in France à la main », précise-t-elle. Passant du « petit projet perso » à la PME et à l’entrepreneuriat assumé, cette bosseuse est désormais entourée d’une équipe de 14 personnes, « toutes des femmes » : couturières, tricoteuses etc. Et celle qui a montré sa capacité à savoir se glisser habilement dans le système n’a pas l’intention de troquer sa fraicheur pour le stress légendaire du secteur. « Ce n’est vraiment pas l’argent qui me motive. Ma finalité est de rendre accessible le made in France de qualité ». Et de participer à cette refonte de notre façon de consommer.